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1% des papas prennent un congé parental... Y'a pas un problème là?

  • Photo du rédacteur: Nico
    Nico
  • 7 juin
  • 4 min de lecture

En discutant avec mon père, j'ai réalisé qu'il avait eu droit à un "congé" de trois jours à ma naissance. Trois jours. Pour la naissance de son fils. Aujourd'hui, certains employeurs vous donnent trois jours pour gérer votre déménagement. Donc au début des années 90, on se disait que la mission du Papa avec un nouveau-né ça demandait autant de temps que préparer des cartons et charger les meubles du salon dans le Transit.


Et hop, une belette à l'arrière du Transit!
Et hop, une belette à l'arrière du Transit!

Il a fallu attendre 2002 pour passer à 11 jours de congés, et seulement 2021 pour atteindre les 3 jours de congés de naissance obligatoires, plus les 25 jours de congé paternité (dont 4 obligatoires et 21 optionnels, à prendre dans les 6 mois suivants la naissance).


Alors, certes, il y a eu du progrès, mais même pas un mois de congé, rémunéré par la Sécu à environ 80% de votre salaire, ça reste court quand on sait que le plus dur avec un nouveau-né, ce n'est pas forcément le premier mois. Pour nous, on en a vraiment bavé entre ses deux mois et demi et ses trois mois et demi. C'est également à ce moment là qu'on observe un pic des dépressions post-partum chez la Maman, mais aussi chez le Papa.


Rétrospectivement, prendre un congé parental pour soulager ma conjointe a été une excellente décision. Malheureusement, beaucoup de pères aimeraient prolonger leurs congé paternité, mais ils n'en ont pas les moyens. La CAF fournit une aide de seulement 450 euros par mois (la PrePare) - et encore, il ne faut pas compter dessus tout de suite : j'ai attendu 4 mois pour toucher cette aide.


A titre de comparaison, voici ce que proposent les meilleurs élèves en la matière: la Suède octroie un total de 480 jours que se partagent les deux parents et même en partie, les grands-parents! Sur les premiers 390 jours, la rémunération est maintenue à 80% du salaire. En Norvège, il s'agit d'un congé alterné, où chaque parent peut se répartir 49 semaines de congés payées à 100%. Ca fait rêver, non?


Si la raison financière explique en grande partie la faible attractivité du congé parental en France, il faut également soulever un problème lié aux mentalités old school de certains employeurs. Pas facile de demander un congé parental - même si c'est un droit - quand on vous fait des remarques désobligeantes sur votre manque d'entrain à revenir bosser.


Ce n'est pas simple non plus de se dire "je vais m'absenter plusieurs mois alors que j'ai été recruté il y a à peine plus d'un an" ou "j'ai des échéances super importantes dans quelques semaines et je ne peux pas me permettre de ne pas revenir".


C'est ce mix entre contrainte financière, pression de l'employeur et autocensure qui fait qu'aujourd'hui en France, à peine 1% des pères prennent un congé parental à temps plein.


J'ai conscience d'avoir eu une chance incroyable de pouvoir absorber presque deux mois avec de maigres rentrées d'argent. Mais au moment du bilan, je ne vois pas comment on aurait réussi à gérer si je n'avais pas pris ce congé. C'est pourquoi je suis consterné de voir qu'il est si peu accessible et attractif pour les papas.


Une fois le constat posé, comment les choses peuvent-elle évoluer? Alors, je ne vais pas rentrer dans un débat politico-économique, on sait tous que la situation des finances publiques de notre pays, c'est pas Byzance. Et sur le court-terme ça peut sembler compliquer de rendre ces congés plus attractifs financièrement.


Mais si on a encore l'espoir de faire vivre notre système de retraites par répartition, va bien falloir des bébés qui naissent aujourd'hui pour payer la retraite de leurs parents. Et donc des dépenses aujourd'hui pour des recettes dans le futur.


La belette essayant de résoudre l'équation du système des retraites
La belette essayant de résoudre l'équation du système des retraites

C'est globalement ce qui dit notre cher Président quand il parle de "réarmement démographique".


Petit aparté sur la forme: associer la natalité à un devoir patriotique et la procréation au combat militaire, on a déjà vu plus subtil. On était à deux doigts qu'il nous sorte: "Messieurs, je compte sur vous pour utiliser vos bazookas (made in France) à bon escient. Et surtout visez juste, pas de balles perdues, on a aussi des restrictions budgétaires sur les munitions".


Sur le fond, c'est une bonne chose de mettre le sujet sur la table. Il a même été question d'une nouvelle loi pour 2025, mais la dissolution et le chaos parlementaire qui s'en est suivi a reporté le dossier d'une bonne année (au moins)... En l'état actuel des réflexions, il s'agirait d'instituer un congé de naissance plus court que le congé parental, mais mieux rémunéré. On parle de 4 mois par parents, rémunérés 50% du salaire.


Ne maîtrisant pas tous les tenants et aboutissants, je ne me prononcerai pas sur la pertinence de cette option. Ce qui est sûr, c'est qu'on resterait encore loin des petites têtes blondes premières de la classe. Affaire à suivre, donc!


Papa Ravi

 
 
 

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