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C'est moi ou on n'a plus le temps d'avoir le temps?

  • Photo du rédacteur: Nicolas Fabries
    Nicolas Fabries
  • 2 mai
  • 4 min de lecture

Ou comme l'a exprimé de manière si éclatante le plus grand philosophe français du XXIe siècle : "Le temps, c’est un truc qu’on n’a pas. Même le temps n’a pas le temps pour le temps. Le temps ne s’arrête pas. Là, j’ai arrêté ma montre mais le temps continue. Le temps n’a pas le temps, mais il faut du temps" (Thierry Henry, circa 2020)


Le plus grand philosophe du temps depuis un autre Henri (Bergson)
Le plus grand philosophe du temps depuis un autre Henri (Bergson)

Rien à dire de plus Titi, c'est tout à fait ça. Enfin surtout le début, la suite je ne suis pas sûr d'avoir compris - et toi non plus je pense. Parce que oui, quand on devient parent, le temps, c'est un truc qu'on n'a pas. Et quand par chance on en a, on l'utilise de manière un peu différente.


Prenez la douche. A priori, pas un truc qui demande un rétroplanning ni une préparation mentale en amont. Eh bien, détrompez-vous, parce que c'est souvent dans ces moments là que la belette aime à rappeler qu'elle a une voix qui porte plus qu'une cornemuse au moment des hymnes, un jour de Tournoi à Murrayfield.


Autre moment qui semblait jadis anodin, mais qui est synonyme de grosse galère aujourd'hui : le déjeuner. Pour avoir une chance de manger chaud et en même temps que votre moitié, il vous faudra mobiliser des techniques éprouvées par les ninjas japonais du XVe siècle. 3 maîtres mots devront guider votre action: agilité, réactivité, adaptabilité.


Un conseil si vous avez donné naissance à une petite belette-koala: tentez l'indispensable portage. Voici le modus operandi que je vous propose: pendant que le parent 1 endort la belette, le parent 2 s'affaire en cuisine.


OK, je reformule: le parent 2 s'affaire à sortir un plat du congel pour le réchauffer au micro-ondes.


Une fois le mustélidé endormi, s'offrent à vous deux options: soit le parent 1 réussit à installer l'écharpe autour de la belette sans la réveiller, soit le parent 2 commence à s'auto-nouer l'écharpe, avant de réceptionner la belette des mains du parent 1. Une opération très délicate mais parfois nécessaire si, comme nous, c'est très souvent la Maman qui réussit les endormissements et qu'elle vous demande légitimement de prendre un peu votre part.


Résultat des courses, une belette-koala endormie le temps du repas. Bien sûr, l'expérience pour le parent porteur sera un peu moins agréable que pour l'autre: vous aurez l'impression d'avoir un ventre plus gros que pendant votre grossesse (pour Madame) ou qu'après trois jours à l'Oktoberfest (pour Monsieur. Ou Madame, pas de jugement), rendant l'accès à votre assiette très compliqué.


Il vous faudra aussi installer un lange sur la tête de votre progéniture, pour éviter qu'elle ne reçoive des bouts de tartiflette ou de cassoulet sur le crâne - on a eu un bébé d'hiver, on a les plats qui vont avec. Un moment où vous vous trouverez indigne d'avoir procréé. Mais au bout de deux, trois fois, la dignité vous paraîtra secondaire à côté d'un repas chaud.


Parents indignes mais parents contents
Parents indignes mais parents contents

Pour être totalement transparent, cette technique a bien marché jusqu'à il y a peu, mais les siestes se raccourcissant, cela devient plus compliqué de se faire un entrée-plat-dessert en portage. Comme d'un autre côté, les phases d'éveil sont plus longues et apaisées, on commence à changer notre fusil d'épaule en ne cherchant plus à l'endormir systématiquement au moment des repas.


Depuis un mois, on opte de plus en plus pour LE MAL ABSOLU d'après certains kinés et ostéos. J'ai nommé le transat. Je tire volontairement le trait, mais on vous déconseillera sans doute cet objet satanique, car il limiterait la mobilité de bébé et favoriserait le développement de la tête plate.


Alors ces arguments sont tout à fait corrects. Mais comme souvent dans la vie, tout est une question de dosage. Si vous posez votre enfant 45 minutes dans son transat, une fois par jour au moment du déjeuner et une autre fois au moment de la pause toilettes et de la douche, il ne va pas en ressortir le crâne déformé.


Vous l'aurez compris, un nouveau-né, c'est une nouvelle organisation du travail au sein du couple. Les temps d'oisiveté se font rares, très rares, et encore plus rares après la reprise du travail. Et comme tous les nouveaux parents, nous avons découvert des lieux qui nous étaient jusque là inconnus. Comme le tunnel. Il n'est pas question ici du tunnel sous la Manche, ni du Fréjus - désolé pour les fans d'architecture souterraine et sous-marine - mais bien du fameux TUNNEL DU SOIR.


Comment pourrais-je décrire ce lieu mystérieux? Enfin, plus qu'un lieu, je parlerais d'une faille spatio-temporelle qui absorbe votre âme tout entière, de manière quotidienne, entre 18h et 20h30. Dans cet univers parallèle, vous n'avez qu'une seule mission: survivre.


Survivre à un enchaînement épique: récupération de la belette chez l'assistante maternelle/la crèche, bain, biberon, câlin pour calmer les pleurs de décharge, endormissement. Sans oublier la préparation du repas. A laquelle il faudra bientôt ajouter la préparation du repas pour la belette avec la diversification... Autant dire que l'époque du glandage sur le canapé à regarder des reels Instagram est révolue.


Mais ne vous inquiétez pas démesurément, comme toute nouvelle routine, c'est la mise en place qui est la plus compliquée. Et puis, si vous n'êtes pas emporté par le coup de bambou de 21h, il reste les soirées pour revivre quelques moments de votre vie d'avant.


Enfin, s'il y a des choses sur lesquelles vous ne souhaitez pas transiger, il vous faudra maîtriser l'art du deal avec votre moitié. De mon côté, j'ai réussi à négocier le match hebdomadaire de mon équipe en Top 14 - parce que le plaquage cathédrale est ma seule religion.


Je sais juste qu'il m'en coûtera un peu plus de travail le lendemain!


Papa Ravi

 
 
 

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